CODE DE CONDUITE DU PRATIQUANT D'AÏKIDO
Bien qu'il se pratique souvent dans ce que nous appelons un gymnase, l'aïkido n'est pas un sport : il se pratique dans un dojo (lieu où l'on pratique la Voie), qui fonctionne sur la base de règles traditionnelles.
Le dojo symbolise le champ de bataille : chaque chose, chaque personne, doit y être à sa juste place. Il n'est certes pas question de transformer le tatami en terrain de combat: ce symbole a pour but de mettre les pratiquants en condition de travail; sur le tatami, on doit en permanence garder une concentration totale, comme si notre vie en dépendait.
Le respect de l'étiquette est indispensable à l'étude de l'aïkido. Cette discipline a, sous peine de disparaître, besoin du cadre traditionnel qui l'a vue naître et se développer. Nous avons pour objectif de conserver l'aïkido le plus pur, de lui garder cette unicité qui est sans équivalent dans notre culture. Les règles qui suivent, bien qu'elles puissent paraître rebutantes au débutant, mettent en place les conditions nécessaires à la sécurité des pratiquants et au respect de la discipline.
Il convient donc que toutes les personnes admises sur le tatami en aient pris préalablement connaissance et qu'elles s'engagent à s'y conformer pleinement et sans réserve.
Dans le dojo
Dans un dojo traditionnel, le pratiquant n'est pas chez lui. Il est dans tous les cas l'invité du maître. En effet, le maître choisit son élève de la même façon que l'élève choisit son maître.
L'aïkido n'est pas un produit de consommation. La cotisation montre la gratitude et la volonté de participer au fonctionnement du dojo. Le fait de s'être acquitté de la cotisation annuelle n'ouvre aucun droit particulier quant à l'enseignement dispensé par le responsable du dojo.
Le dojo n'est pas un lieu où s'expriment les conflits personnels, mais un endroit où l'on trouve la possibilité de travailler de manière constructive afin de se bâtir soi-même. Toute personne troublant la sérénité du dojo sera priée de changer d'attitude ou de s'en aller.
La présence d'éventuels spectateurs est une tolérance, même implicite, du responsable du cours. Il est, dans ce cas interdit de boire, de manger, de fumer, de discuter, et de distraire ou gêner les pratiquants de quelque façon que ce soit. Même s'il est un pratiquant confirmé, un spectateur n'intervient en aucun cas pour corriger une erreur commise par des pratiquants sur le tatami.
Pour ne pas perturber le bon déroulement de son cours et pour la sécurité des pratiquants, le responsable du cours peut exiger d’un pratiquant ou d’un spectateur qu’il sorte du dojo.
Les pratiquants doivent veiller à ce que le dojo soit en permanence propre et sain.
Toute forme d'insolence, tout propos ou attitude irrespectueux, dangereux ou déplacés, n'ont pas leur place au sein du dojo.
Tout esprit de compétition, contraire à l'esprit de l'aïkido, est interdit sur le tatami. Le but n'est pas de battre un adversaire.
Dans toutes les circonstances, on doit veiller à protéger son partenaire et à se protéger soi-même.
Le pratiquant doit accepter les conseils du responsable du cours et travailler dans le sens qu'il se voit indiquer. Il n'y a aucune place pour la contestation dans le dojo, bien que le pratiquant soit encouragé à développer sa propre vision de la technique. En cas de désaccord, le pratiquant garde l'entière liberté de partir.
Lorsque l'on franchit la porte du vestiaire, on oublie les soucis de la vie extérieure: toute l'attention doit être consacrée à la pratique. Dans le contexte martial, une seconde d'absence peut entraîner la mort.
La ponctualité est de rigueur. Le cours doit commencer à l'heure. Si le responsable du dojo est absent, ou en retard, un ancien, agréé par l'enseignant, doit prendre en charge l'entraînement et commencer le cours à l’heure.
Sur le tatami
La tenue de l'aïkidoka est le aïkidogi (vêtement d'aïkido), veste et pantalon, complétés par le hakama au bout de quelques temps de pratique. Les femmes portent une tenue avec une veste fermée par un lacet et un t-shirt. Dans tous les cas, le keikogi est propre, en bon état (non déchiré) et sec.
Le corps est propre. On ne marche pas pieds nus dans les vestiaires. Sauf en cas de soins, les chaussettes ne sont pas autorisées.
Les bijoux, montres et prothèses, dangereux pour la pratique, sont à laisser au vestiaire.
Ne mâcher ni bonbon ni chewing-gum, par respect, pour une meilleure concentration et par sécurité, pour ne pas occasionner une obstruction de la trachée.
Ne pas monter sur le tatami en ayant absorbé de l'alcool ou des drogues.
On salue en direction du tokonoma en entrant dans le dojo et sur le tatami, et en les quittant.
Le salut en aïkido n'a aucune connotation d'ordre religieux, c'est une marque de respect, de politesse, de gratitude et d'humilité.
On ne monte pas avec ses chaussures sur le tatami.
Les zooris (sandales) sont à leur place, jointes, talon contre le tapis.
On place les armes, prêtes à l'emploi, sorties de leur étui, perpendiculairement au tatami. La pointe ou le tranchant de la lame ne sont jamais dirigés vers le tokonoma. Les armes sont respectées : on ne marche pas dessus, on ne les enjambe pas, on ne les choque pas, on ne les jette pas. Lors de la pratique, on les salue, on les place à la droite du corps avant et après usage (paix) et à gauche, prêtes à l'emploi, pendant l'usage. Elles sont tendues au partenaire selon le protocole. On ne se sert pas d'armes fragiles ou endommagées pour pallier tout risque d'accident.
Ne jamais se servir d'une arme ou d'un gi qui ne vous appartient pas.
Normalement le Senseï monte le dernier sur le tatami et le quitte le premier. Mais les contraintes de la vie moderne font que certains arrivent après que le cours ait commencé. La méthode traditionnelle veut que l'on attende alors sur le bord du tatami l'autorisation avant de monter. Une autre solution, moins dérangeante pour tout le monde, est la suivante: on s'insère discrètement dans le cours en saluant à genoux le tokonoma puis le responsable du cours, et on s'excuse auprès de lui pendant le cours à la première occasion.
Pratiquer sans ostentation dans l'attitude la plus simple.
Le premier et le dernier partenaires sont salués à genoux (zarei). Lors des changements de techniques, à la fin et au début d'une séquence de travail, on salue debout (ritsu rei). Après une démonstration, on salue zarei puis on se dirige vers un partenaire à proximité pour commencer à travailler.
Normalement, on n'invite pas un plus ancien pour le travail, une démonstration, un passage de grade : on attend qu'il le fasse. Inversement, un ancien doit porter toute son attention à l'accueil et à la formation des débutants.
On ne perturbe pas le cours par des bavardages, c'est souvent inutile, même dans le cadre d'une explication : un geste juste suffit.
Si l'on doit poser une question au sensei, il convient de se signaler à lui avec respect en le saluant, et non de l'appeler. Il répondra s'il est disposé à le faire, selon les circonstances pédagogiques.
Si une démonstration vous est personnellement adressée ou si elle l'est à votre voisin, vous l'écoutez et saluez ensuite.
En cas de blessures, il est préférable de se soigner avant de pratiquer de nouveau. Avertir le partenaire et le responsable du cours.
Pour les blessés, la position du lotus, en tailleur, est tolérée. Sinon, on est assis en seiza pour assister aux démonstrations, ou écouter une explication.
Le moindre saignement doit entraîner l’arrêt immédiat de la pratique. Il y a risque de contagion, et les taches sont difficiles à faire partir. Les plaies non guéries sont protégées.
Si vous avez à quitter le tatami pendant le cours, pour des raisons évidentes de sécurité, vous devez impérativement en tenir le responsable du cours informé.
Ne jamais s'adosser au mur : la position du corps est maîtrisée, contrôlée à chaque instant à partir du seika tanden.
A la fin d'une séance d'étude, cesser immédiatement le travail, saluer son partenaire, et regagner sa place au plus vite. Les élèves sont assis en lignes parallèles distantes d'au moins un mètre, les plus anciens à gauche du responsable du cours, les débutants à droite.
A la fin du cours, le Sensei quitte le tatami et les élèves demeurent concentrés jusqu'à son départ. En général, le responsable du dojo donne le signal de la fin du cours avant de quitter le tatami, par convivialité et pour avoir un contact avec les élèves.
Les règles d'étiquette, qui peuvent paraitre innombrables au débutant, s'acquièrent naturellement, par la pratique. Lorsqu'on ne sait pas quelle attitude adopter, il faut se renseigner auprès d'un ancien (sempai) qui vous répondra avec plaisir. Les anciens ont le devoir de faire respecter l'esprit de la pratique à l'intérieur du dojo. Ils montrent ainsi leur compétence et leur capacité à assumer leurs responsabilités.